Luke Stephenson, An Incomplete Dictionary of Show Birds

Vert menthe, jaune canari. La couleur en photographie (Lannion: L’imagerie - centre d’art, 2022)

I wrote an essay on Luke Stephenson’s Incomplete Dictionary of Show Birds for the catalogue of the group exhibition Vert menthe, jaune canari. La couleur en photographie. Here is an excerpt (in French):


« On ne peut le saisir, le bonheur a des ailes. »

Damoclès Vieux (1876–1936)

En août 2021, j’ai quitté Paris avec ma famille pour m’installer dans une commune à 30 km de la capitale. Parmi tous les changements que ce nouveau cadre de vie a engendrés, le rôle des oiseaux dans notre quotidien a été l’une des plus grandes surprises. Au moment même où j’ai commencé à écrire ces lignes, un magnifique pivert s’est installé dans l’acacia face à ma fenêtre, annonçant sa présence par ses tambourinements caractéristiques contre l’écorce de l’arbre. Cette présence aviaire peut sembler agréable mais anecdotique – source de quelques instants de contemplation quotidiens et programme de mise en forme ardu pour notre chat. Mais comme le démontre une étude publiée en mars 2021, ses effets sont bien plus significatifs, puisque selon le Centre allemand de recherche sur la biodiversité intégrative, vivre à proximité de zones naturelles où il existe une grande diversité d’espèces d’oiseaux contribue à notre joie de vivre*.

Luke Stephenson, An Incomplete Dictionary of Show Birds.

Le bonheur que peuvent nous procurer les oiseaux est pleinement en évidence dans les portraits que réalise l’anglais Luke Stephenson depuis 2006 avec son projet An Incomplete Dictionary of Show Birds (Un Dictionnaire incomplet des oiseaux de concours). Depuis près de vingt ans, Luke Stephenson a fait du « Britishness » le fil conducteur de son travail photographique. De son périple le long des côtes anglaises pour documenter l’iconique crème glacée « 99 Flake » à son projet British Record Fish sur les records de pêche fluviale – le sport le plus populaire au Royaume-Uni –, le photographe a toujours été porté par une fascination par les particularités de la culture populaire britannique. Ayant découvert le monde des éleveurs d’oiseaux de concours dans le nord de l’Angleterre, il commence à photographier les oiseaux exotiques élevés par ces aviculteurs d’ornement passionnés (qui s’avèrent être presque exclusivement des hommes). Après quelques premières tentatives difficiles – comment faire tenir un oiseau en place ou le faire regarder vers l’objectif ? –, Luke Stephenson a petit à petit développé sa propre « bird box », une sorte de studio photo portable à échelle ornithologique dont il s’est servi pour réaliser toutes ses images. Au-delà du petit perchoir en bois qui invite l’oiseau à se positionner au centre du cadre – ses recherches sur la photographie aviaire ont révélé que les oiseaux ont tendance à se percher sur le point le plus élevé auquel ils ont accès –, ce dispositif lui a également permis d’insérer des décors de couleur pour mettre en valeur le plumage des différentes espèces.