Hanako Murakami, Image du vide

Tempura, N°8, Winter 2021

For issue no. 8 of Tempura magazine, I wrote about this wonderful contemporary autochrome photograph by Hanako Murakami. Here is an extract (in French):


Que voit-on lorsqu’on regarde une image de Hanako Murakami ? S’agit-il d’un phénomène cosmique ou microscopique, impossible à observer à l’œil nu? Parvient-on à discerner, sous la surface du support animé par la chimie du développement photographique, une image, même fantomatique, du réel ? Selon l’artiste elle-même, ce n’est rien de tout cela. Ce que nous voyons ici est tout simplement une image du temps qui passe. 

Hanako Murakami, Anticamera (of the eye) #6, 2016.

Réalisé par le procédé photographique de l’autochrome – breveté par les frères Lumière en 1903 et qui s’est popularisé durant les années 1920 avant d’être éclipsé par d’autres techniques –, Anticamera (of the eye) #6 est une plaque autochrome vierge que Murakami a achetée et développée pour pouvoir observer les traces qui se sont accumulées sur sa surface au cours d’un siècle d’existence. Le titre de l’œuvre pourrait faire penser à une opposition à l’appareil photographique mais, en réalité, il s’agit d’une antichambre, de la « salle d’attente de l’image » que constitue le support photographique. 

Murakami a commencé son cheminement artistique en acquérant des photographies réalisées avec des procédés anciens tels que l’autochrome, le daguerréotype et le collodion. Mais, au fur et à mesure de ces acquisitions, elle se rend compte que ce sont moins les images elles-mêmes – ou leur contenu – qui l’intéressent, que leur « texture ». C’est ce constat qui la pousse à produire des images qui ne sont pas le résultat de prises de vue, mais d’un procédé photographique ancien à l’état pur.